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 Oubli d'antan

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AuteurMessage
Valciphie
Plume méfiante
Valciphie


Messages : 26
Date d'inscription : 05/12/2010
Genre Littéraire : Réaliste, historique, fantastique

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MessageSujet: Oubli d'antan   Oubli d'antan Icon_minitimeLun 13 Déc - 19:21

Je vous laisse découvrir mon dernier texte en date, pour un concours de Novembre sur un forum. Le thème était : Depuis des années, vous viviez d'une certaine façon, fier de vos actes (qu'ils soient louables ou répréhensibles). Et puis un jour, la fissure. lors d'un grave accident, vous perdez la mémoire. Vous ne savez même plus comment vous vous appelez. Quant à savoir quelle était votre vie avant... Alors, c'est un nouveau départ pour vous, avec ou sans vos proches à vos côtés. Ferez-vous le même choix de vie, ou bien changerez-vous de cap ?

Alors, bien respecté or not ?



31 décembre, réveillon du Nouvel An.

  • Je te dis encore une fois que nous aurions jamais du partir aussi tard ! S'écria une nouvelle fois Margot, ma femme.


Et encore une fois, je faisais la sourde oreille. Je n'avais sincèrement aucune envie d'écouter ses jérémiades, ses plaintes et toutes ses craintes concernant la neige. Je savais très bien que c'était risqué de partir avec des conditions météorologiques pareilles mais je prenais l'entière responsabilité. J'avais toujours été un conducteur précautionneux et pour un fois que je prenais un petit risque en prenant le volant avec de la neige -et un peu d'alcool dans le sang- elle n'allait tout de même pas me gâcher mon plaisir. De toute façon, je n'aurais pas supporter de rester dormir chez sa sœur. C'était une pauvre mégère qui me haïssait depuis mon mariage avec Margot. Je l'aurais surement assassiné pendant son sommeil, peu envieux de recevoir des critiques et des phrases toutes faîtes concernant mon métier dès le matin.

Mon métier ? Oui, j'étais artiste. Du moins, autant que je puisse l'être. J'avais déjà une bande dessinée à mon actif et je tentais de vivre de ça. Mais je ne comptais bien sur pas uniquement sur mon maigre salaire de dessinateur de bande dessinée... Et ma chère belle-sœur était toujours aigrie de savoir que ma femme s'était mariée avec moi. Un piètre artiste qui restait chez lui toute la journée, soi disant devant la télévision... Je la détestais !

  • Chérie, va moins vite ! Hurla pour la énième fois ma femme en me faisant sortir de mes pensées, et bien sur sursauter les enfants qui dormaient. Je t'avais dit de rester dormir chez Coralie.


Comme si j'avais envie d'y rester ! Je soupirais alors que j'amorçais un virage avant d'entrer dans le tunnel que j'apercevais devant nous. Mais manque de chance, dérangé par les plaintes de ma femme, la voiture dérapa sur une plaque de verglas et je perdis le contrôle du véhicule. Je ne vis où j'allais, ni compris ce que je fis. Le volant m'échappa des mains, ma femme hurla en même temps que mes enfants et je n'eus qu'à peine le temps de voir les phares blancs éblouissants d'une voiture me foncer dessus. Ensuite, le trou noir...

Hôpital Sainte Marguerite.

  • Maman, maman ! Hurla une petite voix qui me semble étrangère mais pourtant si familière. Il se réveille ! Papa se réveille !


Papa ? J'ouvris douloureusement les yeux en me relevant. Mes membres me firent mal, où suis-je ? Deux petites silhouettes se distinguaient, souriant et sautillant dans la pièce. Une grande femme au regard sévère et aux traits tirés par la crainte m'observa, un fin sourire crispé sur les lèvres. Tous attendaient que je prononce un mot mais je n'en eus malheureusement pas la force. Je ne savais pas même qui ils étaient. Ma première question restait tout de même importante ; que faisais-je ici ? Qu'avais-je fais pour être ici... Je... Je ne me souvenais pas... J'essayais de me rappeler où étais-je et que faisais-je mais aucuns souvenirs n'affluèrent dans mon esprit.

  • Que... Quel jour sommes-nous ? Tentais-je d'articuler difficilement après quelques bafouillages honteux.
  • Le 13 février, me répond la femme, les larmes aux yeux
.

13 février... Ça signifiait que le Nouvel An était passé ! Mais... Mais... Qu'avais-je fait pour le Nouvel An alors ? J'avais beau tenter de stimuler ma mémoire, mon esprit restait indéniablement fermé et noir comme un trou. Je me recouchais, observant les trois personnes qui se tenaient aux côtés de mon lit. Un petit garçon grimpa sur mon lit en souriant, il vint me chatouiller. Je riais mais qui était-il ?

  • Je vais appeler une infirmière, m'indiqua la femme. Boris et Justine, venez avec moi.


Ils partirent tous les trois, me laissant seul. Je crois que j'étais dans un hôpital, c'était même sur ; les murs étaient blancs, j'étais relié à des machines dont un moniteur qui bipait au rythme des battements de mon cœur. Je soupirais lorsque la porte s'ouvrit, une infirmière entra le regard désolé. Toujours la même femme et ses enfants pénétrèrent dans la pièce derrière elle. Les dénommés Boris et Justine ne firent plus de bruit, ils pleuraient. Tandis que leur mère avait les yeux rougis.

  • Bonjour Monsieur, je vais vous posez quelques questions concernant votre mémoire, me dit-elle, d'un ton neutre.
  • Oui, bien sur, répondis-je en bafouillant.
  • Comment vous appelez-vous ? Commença-t-elle, sure d'elle.


Mystère, je ne répondis pas à cette question. Comment m'appelais-je ? David ? Non, non mais ce nom m'était familier. Surement un proche... Quentin ? Non plus... Je répondis par la négative à l'infirmière qui nota quelque chose sur son carnet avant de continuer sa série de question. Mon âge, ma vie passée m'étaient inconnus. Elle consulta la femme quelques minutes avant de se retourner vers moi, le regard triste. J'avais tout oublié, j'étais victime d'une amnésie. Des larmes roulèrent sur mes joues, sans même que je puisse m'en rendre. C'était définitif, j'étais seul à présent... Il fallait que je recommence toute ma vie. Du début. Que je me reconstruise pour revivre des instants. L'alliance qui enserrait mon annulaire gauche ne me semblait plus du tout familière, elle était devenue en l'espace de quelques secondes tellement étrangère que je ne ressentais plus le besoin de la conserver. Je fis approcher la femme, enlevais cet anneau et lui redonnais en m'excusant sincèrement de ne plus pouvoir lui rendre ce qu'elle avait espérer pendant si longtemps.

17 juin, place St Marc ; Italie.

J'avais organisé ce voyage il y a quelques mois, je m'étais très bien remis de mon coma et je n'avais jamais revu cette femme et ses deux enfants. Lorsque j'y repensais, j'avais un pincement au cœur. Elle avait été ma femme, mon épouse durant des années. J'avais partagé sa couche, sa maison et son quotidien. Surement ses sautes d'humeur. Et ces deux enfants, Boris et Justine, c'était surement moi qui les avaient prénommés ainsi. J'avais joué avec eux, du foot avec le garçon et j'avais du pousser Justine à la balançoire. Mais je n'en avais aucuns souvenirs. Je ne pouvais donc qu'imaginer ce qui avait du se passer... Et ça me rendait triste.

Mais en l'espace de quatre mois, je m'étais refais une vie. Étant donné que je ne savais rien de celle antérieure dans laquelle j'avais vécu trente-trois ans, je suis parti de zéro. J'ai repris mes études de dessin -Margot, la femme de l'hôpital, m'a indiqué que j'étais dessinateur- ayant perdu le coup de crayon que je devais avoir autrefois. Je travaille à mi-temps dans un restaurant en temps que serveur et je poursuis un cursus de dessinateur sur Reims. Apparemment, je n'ai pas tant perdu que ça, m'avait dit mon professeur, admiratif de mes traits d'autrefois. Margot m'a envoyé tous mes anciens dessins.

J'ai revu mes parents, ma sœur et mon frère, une fois. Je ne suis plus jamais descendu à Biarritz après. Les voir souffrir de mon amnésie me fait du mal et je n'ai plus supporté d'y retourné. Ma mère a pleuré sous mes yeux, je sentais ma sœur et mon frère mal à l'aise. Il voulait tellement me revoir en vie qu'ils avaient écarté l'idée d'une perte totale de la mémoire.

Je m'approchais d'un restaurant lorsque je vis une femme les bras pleins de cartons. Elle avait du mal ouvrir la porte de son appartement, situé à côté du café où je voulais élire domicile pour l'après-midi. Je vins la rejoindre et dis dans mon italien barbare, avec cet accent français qui me paralysais :

  • Vous voulez que je vous aide ? (Avete bisogno d'aiuto ?)
  • Vous parlez très mal italien, si je peux me permettre, me fit-elle savoir avec son parfait accent italien, dans ma langue natale.


Surpris, je la regardais avant qu'elle m'avoue être italienne mais parler français couramment. Nous rîmes un moment puis, je l'aidais à porter ses cartons jusqu'à son appartement au sixième étage. Elle était très jolie et je l'invitais à boire un café dans le restaurant que j'avais traverser quelques minutes plus tôt. Lucilla accepta volontiers. Je sus à ce moment même que je n'avais pas besoin de ma vie d'avant pour vivre aujourd'hui. C'était comme si en l'espace de quatre mois, j'étais né, j'avais grandi de trente-trois ans et je redécouvrais l'amour. En quatre mois, j'eus le temps de reconstruire les bases de ma nouvelle vie.
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