Voici comment faire :
1. N'apportez surtout pas votre manuscrit.
2. Venez tôt, partez tard.
3. Apportez de quoi écrire.
1. N'apportez surtout pas votre manuscrit. Il est lourd, encombrant, il coûte cher, et il sera perdu. Si un éditeur accueille votre manuscrit avec un immense sourire, méfiez-vous : c'est un éditeur à compte d'auteur.
2. Venez tôt, et avec de bonnes chaussures, et partez tard. Vous visiterez le salon comme une immense librairie où les livres seraient classés par éditeur, pour aider les auteurs à trouver la maison de leurs rêves. Allez donc explorer les stands des éditeurs, un à un. Le salon du livre (de Paris) est l'endroit rêvé pour identifier "le genre" de chaque éditeur. Pour faire plus chic, dans les lettres de refus, on appelle ça "la ligne éditoriale".
Regardez comment les livres sont classés (ça fait gagner du temps : il y a parfois "des collections"). Lisez les 4èmes de couverture, feuilletez les livres. Regardez les noms des auteurs publiés. Dans la plupart des cas, en moins d'un quart d'heure, vous aurez compris : "cet éditeur est très réputé, mais il ne publie rien qui ressemble à mon chef-d'oeuvre" . Bravo, vous avez économisé quelques euros de timbres et quelques autres de photocopies.
3. Mais, dans quelques cas, vous pourrez trouver un air de famille entre votre manuscrit et les livres publiés. Même genre de sujet, même registre d'écriture, peut-être même public. C'est là que vous serez heureux d'avoir apporté un bloc-notes et un Bic cristal : approchez-vous d'une hôtesse et demandez le nom du directeur littéraire de la maison. Il y aura des cas où l'on vous répondra "ça dépend" - effectivement, ça peut dépendre ils ont parfois chacun leur spécialité. Dans d'autres cas, ce sera le nom du président : ça arrive. En tout cas, notez. Et si on vous répond "au service des manuscrits", c'est un peu moins bien, mais notez quans même : le directeur littéraire, vous le trouverez dans l'annuaire du salon.
Si j'étais vous, j'éviterais les très grandes maisons : même si elles publient beaucoup d'inconnus (Albin Michel est, semble-t-il, celui qui, l'an dernier, a publié le plus de manuscrits arrivés par la poste), ces maisons compliquent tout : elles ont des "éditeurs" dont on ne comprend pas forcément la spécialité exacte. Surtout quand ils n'en ont pas. Ou quand on ne vous donne pas leurs noms. De toute faço,n, les plus grands ne sont pas forcément les plus chic : il n'y a que votre concierge pour croire cela
.
Vous n'allez pas forcément TROUVER votre éditeur. Mais vous aurez choisi ceux avec lesquels vous devriez travailler... si vous avez bien travaillé. Vous passerez de 1% de chances à 2 ou 3%, voire plus, tout devient plus facile. Voilà comment le salon du livre de Paris peut devenir le point de départ de votre carrière d'auteur normal.
Texte tiré du
Blog de Georges Flipo