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Ecrire pour Vivre. Un rêve pour certains, une réalité pour d'autres. Et si on écrivait, simplement ?
 
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 Dialogues - 1

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AuteurMessage
L'Effarouchée
Plume timide
L'Effarouchée


Messages : 12
Date d'inscription : 20/06/2011
Age : 34

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MessageSujet: Dialogues - 1   Dialogues - 1 Icon_minitimeLun 18 Juil - 19:41

Voici un fragment de texte écrit pour le roman d'un ami; il s'agit d'une série de dialogues en incise de la narration entre un homme et sa femme morte.







DIALOGUES - 1





Il était assis dans un coin de la pièce, tout contre la paroi, et la faible lueur du feu presque éteint traçait de pâles arabesques sur les murs humides.

- Tu n’es pas là.

Il était assis dans un coin de la pièce, ou plutôt recroquevillé tout contre la paroi, les bras autour de ses jambes, et qui sait s’il ne va pas s’effondrer sur lui-même d’un instant à l’autre, se racornir comme une lettre d’amour que l’on embrase, seul, assis dans un coin –

- Tu n’es pas là.

Car il en va de la vie comme des lettres d’amour – pourquoi vaudrait-il mieux durer que brûler ? – mais ce n’était pas ces quelques braises à même le carrelage qui pouvaient offrir cet ultime flamboiement, cette épitaphe solaire, pas ces quelques braises qui parvenaient à peine à tracer, dans un souffle, de pâles arabesques sur les murs humides –

- Tu n’es pas là.

Un feu à l’agonie / qui palpitait comme un cœur qui se noie / qui n’aurait pas même été capable de brûler ses lettres à lui, emprisonnées dans le grand secrétaire à l’autre bout de la pièce, au sein de ce vestige insolent dans son silence - encagées dans un tiroir, à l’abri des jours et des regards, du regard de sa femme –

De sa femme qui était là – elle est là / elle est là / derrière le grand secrétaire, debout, ses beaux cheveux noirs tombant sur ses épaules comme une averse sombre, et son regard piqué de gris et d’or qui glissait sur lui, avec douceur et tristesse.

- Regarde-moi.

Silence.

Il se releva lentement, les yeux fixés sur les braises mourantes.

- Regarde-moi, puisqu’il n’y a pas de miroir ici pour que tu puisses te voir. Regarde-moi, mon amour. Tu es en train de mourir.

- Tais-toi.

- Tu es en train de t’éteindre, toi aussi. Seul, dans une pièce vide et froide, sur une île vide et froide. Tu leur ressembles, à ton feu, à ta pièce et à ton île.

- Tout cela est de ta faute !

- Rien n’est réel ici. Une île qui dérive au milieu de l’océan, perdue, comme un rêve qui s’évapore lentement -

- La seule chose qui n’est pas réelle, c’est toi.

- Alors il faut me laisser partir, mon amour.

Mais elle le dit avec douceur. Il faut se l’imaginer dit avec douceur. « Alors il faut me laisser partir, mon amour ». Juste cela.

Il ferma les yeux de toutes ses forces, jusqu’à ce qu’il voie d’autres arabesques lumineuses danser sous ses paupières.

- La lune est belle, dehors. Viens la regarder avec moi.

C’est à cet instant qu’il sentit quelque chose se déchirer à l’intérieur de lui / quelque chose de grand et de beau, qui était là depuis longtemps peut-être / qui attendait cette heure, ce moment, ce lieu perdu hors de la trame du temps / qui attendait cette femme. Sa femme.

Sa femme.

Il ne sentit plus rien que cette morsure indécente qui le dévorait de l’intérieur et il ouvrit les yeux, et il la vit, debout de l’autre côté du secrétaire, le visage levé vers le plafond en ruines, et la clarté blafarde de la lune qui l’enveloppait comme un linceul et donnait à ses beaux cheveux une couleur indéfinissable / Et il la vit, debout de l’autre côté du secrétaire, dans cette robe ravissante qu’il lui avait offert il y a des années, des siècles peut-être, qui peut compter les jours dans un endroit pareil / ici la nuit dure une éternité / mais la lune est belle, dehors / Il la vit, la tache de sang sur le devant de cette robe ravissante, sous le ventre de sa femme, et qui s’étendait, monstrueuse, comme une île perdue au milieu d’un océan de soie –

C’est à cet instant qu’il se mit à hurler.




Juillet 2011




Aurélien Clause
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